Ce sont les vents contraires
Qui me poussent, pouilleux,
Suivi d’un chien galeux
Comme moi sans repaire.
Ainsi s’en vont les gueux
Clébards et pauvres hères.
Et mon mâtin cabot
Répond quand je l’appelle,
De la Pâque à Noël
Au doux nom de : « Cadeau ».
Je n’ai pas de sébile
Mais ma foi puérile
Pour quêter vos regards ;
Je n’ai pas de miroir
Mais tous vos yeux pour voir
Mes routes de hasard ;
Je me lave aux averses
Des chemins de traverse,
Dans mes souliers troués
Il faut bien l’avouer,
Je sèche mes orteils
Seul, au chaud d’un soleil.
Mais le vagabondage
N’est que méchant voyage,
Et las de mon errance,
De ma vie en balance,
Sous un tapis de feuilles
Comme moi déjà mortes,
Je pose la cohorte
Des illusions en deuil.
*
Ceux qui me trouveront
Emprisonné et roide,
Dans une automne froide
Englué sur l’argile,
Ceux-là même diront
Paroles inutiles :
« C’est un de ceux qui errent Eclaboussés de terre » !
Pas besoin de toilette :
La misère se jette
A la fosse commune
Au fond des nuits sans lune.
S’il ne reste qu’une ombre
Sur une pierre sombre :
C’est « Cadeau la détresse »
Offert à vos caresses,
Mais restez sans alarme
Car désespérément,
Un chien meurt doucement,
Sans rancœur et sans larme.
Marie-Jo Thabuis