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  • Chienne de vie - Poème de Marie-Jo Thabuis

    Ce sont les vents contraires

    Qui me poussent, pouilleux,

    Suivi d’un chien galeux

    Comme moi sans repaire.

    Ainsi s’en vont les gueux

    Clébards et pauvres hères.

    Et mon mâtin cabot

    Répond quand je l’appelle,

    De la Pâque à Noël

    Au doux nom de : « Cadeau ».

    Je n’ai pas de sébile

    Mais ma foi puérile

    Pour quêter vos regards ;

    Je n’ai pas de miroir

    Mais tous vos yeux pour voir

    Mes routes de hasard ;

    Je me lave aux averses

    Des chemins de traverse,

    Dans mes souliers troués

    Il faut bien l’avouer,

    Je sèche mes orteils

    Seul, au chaud d’un soleil.

    Mais le vagabondage

    N’est que méchant voyage,

    Et las de mon errance,

    De ma vie en balance,

    Sous un tapis de feuilles

    Comme moi déjà mortes,

    Je pose la cohorte

    Des illusions en deuil.                                       

             *                        

    Ceux qui me trouveront

    Emprisonné et roide,

    Dans une automne froide

    Englué sur l’argile,

    Ceux-là même diront

    Paroles inutiles :

    « C’est un de ceux qui errent Eclaboussés de terre » !

    Pas besoin de toilette :

    La misère se jette

    A la fosse commune

    Au fond des nuits sans lune.

    S’il ne reste qu’une ombre

    Sur une pierre sombre :

    C’est « Cadeau la détresse »

    Offert à vos caresses,

    Mais restez sans alarme

    Car désespérément,

    Un chien meurt doucement,

    Sans rancœur et sans larme.


    Marie-Jo Thabuis