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  • La complainte du pauvre Georges - Poème de Georges Miquel

    f47e740209f6f2bad4e60f9cb549fdc6.jpegOyez, oyez, bonnes gens

    La folle ritournelle

    Qui chante en la cervelle

    De ma vie en suspens.

    J’ai des mots et des vers

    Qui tournant dans ma tête

    En font une girouette

    Et mes sens de travers.

    Les rythmes et les rîmes

    S’en donnent à cœur joie

    Quand leur chanson déploie

    Mes sentiments intimes.

    Ce manège d’enfer

    Dans un grand tourbillon

    Enivre le grillon

    De mon cœur tant offert.

    Dans les flonflons joyeux

    De la fête voisine

    Le soir qui se dessine

    Prépare nos adieux.

    L’ombre se fait attendre,

    Se meurent les lampions,

    S’étranglent les violons,

    Enfin vient la nuit tendre.

     

    Valsez, voltez, virez,

    Tourniquet des amours,

    Des départs sans retours ;

    Ainsi vous vieillirez !

    Souvenir, souvenir,

    Ecume de mes vies,

    Morte eau de mes envies,

    Noyant mon devenir.

    La vie est en couleur

    La mort en blanc et noir,

    L’une pétrie d’espoir

    Et l’autre de douleur.

    Dans l’alcool des passions,

    Enivrons nous encore,

    Mâchons la Mandragore

    D’ultimes illusions !


    Georges Miquel

  • Eternité - Poème de Georges Miquel

     medium_Hyeres_fevrier_2007_045.2.jpg

    Si tu sais faire

    D'un seul sourire d'enfant, fugace

    D'une seule volute de soleil, ardente,

    D'un seul pétale, agonisant,

    D'un seul soupir,

    L'espace dilaté pour enclore l'humanité;

    Si tu sais faire

    D'une lame de lune sur la mer décharnée,

    D'un rien, d'un souffle, d'un vertige,

    D'un regard, d'un grain, d'une larme,

    D'un abîme, d'une extase,

    La bulle ou enfermer tout l'univers;

    Si tu sais faire

    D'une seule flamme, les laves de l'Enfer,

    D'un seul baiser, les nuées ardentes de l'Amour,

    De l'adieu d'une main, haletante, la tristesse du monde,

    D'un tremblement de lèvres, l'espérance des dieux ,

    Alors si, solitaire,

    Tu portes ainsi, dans le recourbement du cœur,

    La détresse des hommes et l'extase des saints,

    Chaque instant, chaque moment, chaque seconde,

    Chaque étincelle du temps

    Sera Eternité

    Entre un futur qui tarde, un passé qui s'attarde,

    N'attends rien de Demain,

    D'Hier ne te souviens;

    Le temps n'est que mirage .

    Il n'est de certitude que maintenant,

    Que ta "main tient" ;

    Maintenant

    La seule éternité des hommes .


    Georges Miquel