Tu nais,
Au plus merveilleux des matins
Et le monde entier bat des mains,
Tu sais.
Tu vas
Déjà jouer à la poupée, c’est doux.
Tu ris, tu chantes tout est léger,
Tu cours en dansant dans les près,
Tes amis ont les mêmes goûts
Que toi.
Tu lis
Les contes savants des anciens
Qui tracent pour toi le chemin.
Tu te heurtes aussi à leurs lois,
Elles guident tes pas maladroits,
Soumis.
Tu bois
Au lait de tes vingt ans, la joie.
Des lèvres mouillées des amants
Tu goûtes aux délices troublants
Tendres et cruels à la fois,
Emois.
Tu passes
Parfois sans oser demander,
Parfois sans oser regarder,
Gainée de peur, cernée d’ennui,
Pour ta paix tu étouffes ta vie,
Tu lasses.
Tu noies
Délibérément tes tourments
Aux flux des us et des coutumes,
Au profit de tes amertumes,
A la croisée des quatre vents
Tu ploies.
Tu ignores
A jamais, le goût des bonheurs
Doux, fous, des : « je t’aime » criés
Aux sept ciels des lits sans pudeur,
Les tendresses jamais murmurées.
T’as tort.
Déjà,
La cruche lentement s’est vidée,
Le bon vin au temps s’est aigri.
Tu bois le dernier verre, ainsi
Tu plais aux bons guides éclairés,
Tais-toi.
Tu vois
Ton existence oxygénée
S’asphyxie vite, elle s’est usée
Sans joie.
Jacques Grouselle, Cluses le 26 octobre 2009.