Marie-Jo Thabuis
poésie - Page 18
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Caraïbe - Poème de Marie-Jo Thabuis
Derrière ce que l'on voitSe cache ton mystère...Aujourd'hui comme hierTon soleil meurt en merA l'heure du déchirement...Quel est cet antre qui t'attire ?TortolaBelle île des corsairesCoule en ciel de topazeTa nuée rubescenteTourterelle pirateEn attente de nuitPour ses mille diamantsCe soir te revient la flibustePleure tes galions d'orC'est un astre forbanQui les a engloutis.
Marie-Jo Thabuis -
Seule la Beauté - Poème de Solange Jeanberné
Seuls les ciels, les ciels de traîne,Les ciels longs, jaunes, plats et pâles,
Striés d’éclairs d’ailes.
En effilochages de nuages mauves
Seuls les ciels buvant le bruit des villes malades
Seules les lagunes, leurs langueurs de sable,
Les lasses et molles vagues, baignées d’éclats d’écailles,
En déliquescence d’algues
Seules les lagunes, épongeant la lie des cités aigres
Seuls les arbres, leurs angles de fuite
Drainant l’ennui des hommes mornes
Seule la Beauté,
Sa fulgurance
Et les poètes foudroyés.
Solange JEANBERNE
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Si la vie t'aimait pas - Poème de Sylvette Bayol
Si la vie t’aimait pas , l’ami,
Tu s’rais pas là.
Si l’destin t’a donné une route
Ou un chemin,
C’est ‘ Carpe Diem » pour que tu goûtes
A son bon vin.
Sers-toi d’tes mains
T’prends pas la tête, ne pleure pas.
Les humains sont encor des bêtes,
Ca leur pas’ra ;
Y comprendront que c’est plus chouette
D’vivre en copains
Plutôt que de couper la tête
A leur voisin .
On est tout seul de la naissance
Jusqu’à la nuit,
Mais on peut fair’ des connaissances,
C’est beau la vie
Exister, c’et un’longue école,
On tomb’ souvent,
Et pis y a des fois on décolle
Pour l’firmament
Même amoureux on fait pas souvent
Tout c’qu’on veut
On devient libr’ quand on comprend
Qu’on l’est bien peu
Garde l’espoir et lève bien haut ta bannière
Défonce les murs, les miradors
Et les barrières
Dans l’sens du courant, l’sens du vent
Ecoute bien
Y a encor des oiseaux vivants
Des fleurs des pins
Des feux des bois des feux de joie
Des feux de rien
Chante et souris reste bien droit
Tout ira bien
Si l’argent faisait le bonheur
Ça se saurait
Fais ton boulot partag’ton cœur
Et tes secrets
Cherch’ pas l’Bon Dieu ça fait longtemps
Qu’il s’est tiré
Mais lèv’les yeux ya l’Univers
Dont on est nés
Si je ne t’aimais pas l’ami
Je n’serais pas là
A ta causer philosophie
Au coin du bois
Mais au fond t’en as rien à fair’
De mes discours
Les vieux ça d’vrait toujours se tair’
Chacun son tour
Sylvette Bayol -
Terre d'ocre - Poème de Marcel Maillet
« La peinture n’est que la recherche des souvenirs de Dieu
Dans le but de voir l’univers tel qu’il le voit »
Orhan Pamuk
Terres d’ocre
Elles disent les maturations
les cycles et les heures
Elles disent l’invisible
L’ocre convient aux dieux
Les derniers rais d’un soleil qui décline
attisent la braise du mélèze
Ocres de l’automne
Flamboiement aux frondaisons de septembre finissant
Labours en robe de bure
qu’encense un vol fuliginieux de passereaux
J’aimerais mon âme en un jardin d’automne
Senteurs de tourbe de fougères
Rouissent les châtaigniers
et si le cor prolonge sa longue antienne vespérale
que lui fassent répons le brâme profond du cerf
Ocres Cuivres
Cuivres de l’orient Désert d’orient
Dunes brunes Lèvres afghanes
Ciels fauves à la crinière de lion
S’exhalent des arômes cannelle
des épices musquées
Cuirs des harnais Rumeurs de caravanes
Cuivre
couverte de cuivre sur l’émail des lacs
cuivre sans éclat
quand la lune fomente la neige
Folle chevelure de lune
Névrose de la lune
à la morte saison des bruyères gelées
quand hurle l’hiver brûleur de loups
L’ocre convient aux dieux
Il y a toute cette chamoiserie
de reflets roux à l’ados de la vague :
ambres et feuilles mortes
robe de daine corsage de bouvreuil
fuite d’un écureuil éclat dans l’épicéa
Il y a des abeilles nimbées d’une lumière de miel
à l’odeur brune - ivre un peu - de réglisse
de malt et de muscat
Il y a les sables
couchés comme en lit de roses
que le crépuscule aurait lissé
J’aime ces sables de Loire
ces javeaux passés par le tamis des soleils couchants
Méditent dans le soir des violoncelles
Et puis faites lointaine souvenance
Rappelez-vous le poitrail de l’auroch
au flanc de la caverne
avec ce bison que le dessin enfante dans l’orbe du solstice
Vêtu d’ours
le chaman dansait les flammes rauques du feu
De rouge et de noir
d’ombre et de lumière
l’ocre convient au dieu
mais la Sybille de Cumes interroge la rose
et septembre déjà rabote les feux du jour
Fragiles d’incertitude
les villages de la nuit campagnarde
veilleront
tapis dans la fourrure
de leurs rousseurs blafardes
Marcel Maillet